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Comment le secteur de la construction tente de se décarboniser

Le secteur de la construction est réputé pour être un grand pollueur, qu’il s’agisse de la pollution causée par les grandes quantités de déchets et de poussières qu’il génère chaque année ou les gaz d’échappement de moteurs diesel qui abondent sur de nombreux chantiers de construction. Toutefois, il y a une tendance grandissante vers la décarbonisation de ce secteur, notamment en ce qui concerne les bâtiments en béton et en acier à forte teneur en carbone.

Voici les efforts déployés par le secteur de la construction pour réduire son empreinte carbone.

Le secteur de la construction est un gros émetteur de carbone

Mettons les choses au clair dès maintenant : le secteur de la construction est l’un des principaux contributeurs aux émissions de carbone dans le monde, il y contribue à hauteur de presque 40 pour cent.

Cela comprend les émissions provenant de l’ensemble de la chaîne de valeur de la construction, y compris la fabrication des matériaux de construction, le transport, les activités de construction sur site et l’exploitation des bâtiments.

Pendant ce temps, le volume des constructions neuves ne cesse d’augmenter : selon l’Organisation des Nations unies, de nouveaux bâtiments représentant une superficie équivalente à celle de Paris sortent de terre tous les cinq jours dans le monde.

L’importance des façades de bâtiments pour la décarbonisation du secteur de la construction

Un rapport sur la décarbonisation de l’Urban Land Institute a déterminé que les façades des bâtiments sont un élément essentiel grâce auquel les architectes, les entreprises de construction et les propriétaires de bâtiments peuvent améliorer l’efficacité d’un bâtiment (et, par conséquent, ses émissions potentielles).

« Il a été démontré que la façade d’un bâtiment a un impact déterminant sur son cycle de vie et la qualité de vie de ses usagers : que ce soit sur la santé des personnes, la productivité et le confort ou l’énergie et les émissions de carbone », peut-on lire dans le rapport, qui précise que les stratégies de décarbonisation en lien avec les façades peuvent inclure les mesures suivantes :

  • Planifier de manière stratégique un projet de décarbonisation en calculant d’avance le rapport fenêtrage-mur pour la surface d’une façade
  • Calculer l’empreinte carbone totale des fenêtres à double ou triple vitrage
  • Éviter une isolation trop importante des murs
  • Utiliser de grands murs-rideaux avec des fenêtres de 10 pieds, afin de réduire le nombre d’encadrements nécessaires
  • Utiliser des matériaux à faible teneur en carbone pour les stores de fenêtres

Autres moyens utilisés par le secteur de la construction pour la décarbonisation

Il existe de nombreuses façons pour le secteur de la construction de se décarboniser, bien que certaines méthodes soient plus efficaces que d’autres. En outre, toutes les entreprises ne considèrent pas qu’il soit prioritaire de devenir plus écologiques.

Le rapport de l’Organisation des Nations unies mentionné plus haut indique que l’utilisation de matériaux renouvelables pourrait réduire les émissions du secteur de la construction jusqu’à 40 pour cent d’ici à 2050, et que la réutilisation de structures existantes peut générer jusqu’à 75 pour cent d’émissions de moins qu’une construction neuve.

De plus, la construction en général implique des chaînes de valeur complexes incluant plusieurs entreprises, ce qui signifie que les entreprises de construction ne sont pas les seules à devoir rectifier le tir. La bonne nouvelle, c’est que de plus en plus de grandes entreprises au sein de ces chaînes — y compris les entreprises de construction, les entreprises sidérurgiques, les cimenteries et les fabricants d’équipements — se sont engagées à déployer des efforts de décarbonisation au cours des prochaines décennies.

Les programmes gouvernementaux peuvent également être utiles : au Canada, par exemple, un nouveau partenariat public-privé lancé au début de cette année vise à accorder des prêts à faible taux d’intérêt pour les rénovations commerciales qui réduisent les émissions de carbone d’au moins 30 pour cent.

Voici plus précisément quelques mesures que les entreprises peuvent prendre dès maintenant pour décarboniser leurs activités :

  • Choisir des matériaux à faible teneur en carbone : La production de matériaux de construction traditionnels tels que le ciment et l’acier génère de grandes quantités de carbone et contribue de manière significative à l’empreinte carbone de l’industrie. Les efforts de décarbonisation se concentrent sur la recherche de solutions de rechange à ces matériaux, comme l’utilisation de matériaux recyclés ou à faible teneur en carbone tels que le bois, le bambou ou les produits en bois d’ingénierie. De nouveaux matériaux de construction tels que le béton renforcé de fibres de carbone et le béton à empreinte carbone négative, ou l’utilisation du bois plutôt que de l’acier, peuvent s’avérer utiles pour décarboniser.
  • Améliorer l’efficacité énergétique : Il peut s’agir de concevoir et de construire des bâtiments avec une meilleure isolation, des systèmes de chauffage, de ventilation et de climatisation plus efficaces, des vitrages qui minimisent les gains de chaleur solaire et des sources d’énergie renouvelables intégrées telles que des panneaux solaires ou des systèmes de chauffage géothermique.
  • Innover grâce à la technologie : Les progrès des technologies de construction, telles que la préfabrication, la construction modulaire, le jumeau numérique et la modélisation des données du bâtiment (BIM), peuvent jouer un rôle dans la décarbonisation. Le matériel de construction intelligent qui automatise les processus, améliore l’efficacité des opérations et surveille la performance des équipements peut également faire la différence.

Le cabinet EY-Parthenon suggère que les entreprises de construction devraient tenter de manière proactive de réduire les émissions à chaque maillon de leur chaîne de valeur en se concentrant sur l’innovation (comme l’utilisation du bois massif plutôt que du béton ou de l’acier dans les constructions), en encourageant les fournisseurs à améliorer l’efficacité (grâce à des matériaux de meilleure qualité) et en réutilisant ou en recyclant davantage de déchets de construction. Selon une analyse réalisée par EY-Parthenon, jusqu’à 80 pour cent des matériaux de construction inutilisés finissent dans les décharges.

L’impact carbone intrinsèque ou opérationnel

Des analyses ont montré que les constructeurs devraient prendre en compte deux types d’impacts carbone de leurs bâtiments : le carbone intrinsèque et le carbone opérationnel. Le carbone intrinsèque désigne le carbone en amont déjà attribuable à un produit (extraction, production, transport, etc.), tandis que le carbone opérationnel correspond aux émissions du bâtiment pendant son cycle de vie.

Le rapport de l’Urban Land Institute souligne que les entreprises devraient essayer de trouver un juste milieu entre les deux types de carbone en réalisant une analyse du cycle de vie de l’ensemble du bâtiment. Cette analyse devrait tenir compte de plusieurs facteurs, notamment le climat de la région et l’utilisation de réseaux d’énergie propre à proximité.

Conclusion

Le secteur de la construction et du bâtiment est responsable d’une grande quantité d’émissions de carbone, mais il ressort que de nombreuses entreprises — et leurs chaînes de valeur — ont commencé à donner la priorité à l’efficacité. Celles-ci prennent désormais des décisions écologiques concernant les façades et les murs-rideaux de bâtiments, en utilisant des matériaux plus respectueux de l’environnement et en améliorant l’efficacité énergétique. Elles recourent également à la technologie pour innover et réduire les processus manuels inutiles.

Bien qu’il n’existe aucune solution miracle pour décarboniser massivement les bâtiments, l’utilisation de nouveaux matériaux et l’évolution des mentalités ainsi que des processus dans le secteur de la construction sont extrêmement prometteuses.