Lorsque L’Hôpital d’Ottawa a annoncé récemment le projet de construction de son nouveau campus de 2,8 milliards de dollars au cœur du centre-ville, un élément est ressorti en particulier : le Carrefour des soins de santé virtuels de l’établissement.

Complété par une plateforme d’analyse des données volumineuses et un centre de commande pour le suivi du flux des patients et de la capacité, le Carrefour des soins de santé virtuels utilisera la technologie de télésanté ou de télémédecine lors du premier contact de chaque patient avec l’hôpital. Ce type de triage virtuel contribuera à garantir que « tous les patients, sauf ceux les plus gravement malades, sont pris en charge en dehors du milieu hospitalier », affirme l’hôpital, tout en améliorant les résultats et les expériences des patients.

Compte tenu de l’état alarmant des systèmes de soins de santé mis à rude épreuve dans le monde, l’élément le plus important de cette technologie de télésanté est peut-être sa capacité à atténuer la pression sur les infrastructures physiques et à accroître l’efficacité des professionnels de la santé.

En effet, l’adoption récente de la télésanté par le secteur pourrait avoir de profondes répercussions non pas seulement sur la prestation des soins de santé, mais aussi sur la conception des établissements de soins de santé.

Mais avant d’aborder ce sujet, examinons la situation de la télésanté en 2022.

Qu’est-ce que la télésanté?

La télésanté est définie comme « la prestation de services de soins de santé, d’éducation sanitaire et d’information sur la santé par le biais de technologies à distance. »

La télésanté existe depuis des années, mais, dans la pratique, elle a vraiment pris son essor durant la pandémie – comme tout ce qui peut être effectué à distance : Un récent rapport de McKinsey indique que l’utilisation de la télésanté, après un pic initial, s’est stabilisée au début de 2021 à un niveau environ 38 fois plus élevé par rapport à son niveau de référence prépandémique.

Le rapport réalisé au milieu de l’année 2021 indique également que la télésanté représente désormais entre 13 et 17 pour cent des interactions en soins de santé aux États-Unis (par rapport au pic initial de 32 pour cent de toutes les visites en cabinet et en consultation externe, de mars 2020).

Les investissements dans les technologies de télésanté ont également explosé, avec environ trois fois le montant du capital-risque investi dans le secteur en 2020 comparativement à 2017, selon McKinsey.

En effet, la firme d’ingénierie Stantec – qui conçoit et construit des établissements de soins de santé – fait remarquer que les progrès de la technologie et de l’adoption de la télésanté signifient que nous sommes à l’aube d’une « révolution des soins de santé virtuels ». L’entreprise utilise l’exemple d’un enfant malade dans une communauté éloignée pour montrer la valeur de la télésanté :

« Un médecin de famille a examiné un enfant malade dans une région rurale éloignée. Le diagnostic était tel que le médecin aurait normalement suggéré un transfert de ce patient vers un milieu hospitalier de soins de courte durée pour enfants très éloigné », écrit la firme. « Cependant, grâce aux capacités de télémédecine entre les établissements, ils ont pu garder le patient dans la clinique près de chez lui, en le diagnostiquant et le traitant à distance. Le coût de 18 000 dollars du transfert a été éliminé, tout comme le stress et les frais de déplacement que cela aurait occasionnés pour la famille. »

Pourquoi la télésanté devient-elle plus populaire?

Il s’agit là d’un exemple frappant, certes, mais les économies réalisées sur le coût du transfert et la réduction du stress lié aux déplacements ne sont que deux des nombreuses raisons pour lesquelles la popularité de la télésanté est montée en flèche.

La pandémie, comme nous l’avons mentionné, a été un moteur important de l’adoption de la télésanté. Mais d’autres facteurs sont également entrés en jeu, notamment :

1.Amélioration des technologies de télésanté. Les améliorations apportées à la surveillance en temps réel, aux communications et aux outils de diagnostic à distance constituent l’épine dorsale de la révolution de la télésanté. Grâce à l’utilisation de technologies portables, les médecins peuvent désormais surveiller la pression artérielle, la température, le rythme cardiaque, la fréquence respiratoire, etc. Lorsqu’ils sont associés à l’apprentissage automatique et à d’autres outils d’IA, les diagnostics et la surveillance à distance deviennent encore plus évolutifs.

2.Acceptation culturelle. Bien que la part dévolue aux soins de santé à distance ait quelque peu reculé après l’énorme pic initial enregistré au début de 2020, McKinsey indique que plus de 40 pour cent des personnes interrogées sont disposées à recevoir des services de télésanté à l’avenir. Il s’agit d’une hausse de 11 pour cent par rapport aux personnes interrogées avant la pandémie. La télésanté est là pour rester.

3.Raisons financières. Il y a dix ans, un médecin aux États-Unis aurait eu de sérieuses difficultés à être remboursé pour des services de télésanté. Mais à mesure que la pratique a gagné en popularité, elle est également devenue de plus en plus acceptée par les payeurs tels que les assureurs et les agences gouvernementales.

L’impact de la télésanté sur la conception des hôpitaux

Tout cela pour dire que l’arrivée en force de la télémédecine dans les activités quotidiennes de soins de santé représente un point d’inflexion dans la conception des hôpitaux modernes. Les besoins en matière d’installations vont changer – ils ont d’ailleurs déjà changé, en raison de la pandémie – et la conception des hôpitaux va continuer à évoluer en même temps que ces besoins.

• Taille des établissements : La réduction du nombre de patients traités sur place permet aux établissements de réduire leur empreinte tout en augmentant leur efficacité.
• Espaces cliniques repensés : Le centre médical de l’Université Rush de Chicago est un exemple d’hôpital nouvellement conçu qui comprend des halls équipés de prises de courant et de sorties de gaz médical pour faire face aux afflux massifs de patients. À l’avenir, il est probable que la conception des hôpitaux inclura davantage de chambres adaptées aux maladies infectieuses, des services d’urgence plus grands et des espaces plus flexibles avec une capacité de pointe. Le centre médical de l’Université Rush de Chicago dispose également de portes vitrées dans tout le bâtiment de la tour, ce qui favorise l’isolement tout en permettant aux médecins de surveiller discrètement les progrès des patients.
• Soins décentralisés : La tendance à aller vers la télémédecine s’accompagne d’une tendance simultanée à délaisser les hôpitaux de soins de courte durée centralisés au profit de centres de soins ambulatoires plus près du lieu de résidence des patients.

Pour répondre à l’expansion des services de télésanté, il faut également s’attendre à voir davantage de salles équipées d’outils de diagnostic virtuel et d’autres technologies à distance telles que des moniteurs et des caméras haute définition.

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