C’est à nouveau la période de l’année où les ouvriers du bâtiment — et tous ceux qui travaillent en étant exposés aux aléas de la météo — doivent se préparer à faire face à l’assaut de la chaleur et de l’humidité.
Ce type de temps n’est pas seulement un inconvénient pour les personnes qui travaillent à l’extérieur, il est aussi responsable de leur baisse de productivité et peut s’avérer extrêmement dangereux.
Cependant, les travailleurs de la construction peuvent rester au frais (et en sécurité) malgré la chaleur en prenant quelques précautions simples. Voici une liste de nos meilleurs conseils pour se rafraîchir lorsque le mercure grimpe.
Le danger de travailler dans des conditions de chaleur extrême
Les statistiques montrent que les travailleurs de la construction courent un risque élevé de décès, de maladie, de blessure et de baisse de productivité lorsqu’ils travaillent dans des conditions de chaleur extrême. Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) des États-Unis indiquent que près de 300 ouvriers du bâtiment sont morts au travail de causes liées à la chaleur entre 1992 et 2016, ce qui représente plus d’un tiers de tous les décès au travail liés à la chaleur aux États-Unis.
D’autres recherches menées sur une période de dix ans ont révélé que les travailleurs de la construction aux États-Unis étaient 13 fois plus susceptibles de mourir de problèmes liés à la chaleur que les autres travailleurs. Celles-ci ont également démontré une baisse de productivité et une augmentation des paramètres de stress, notamment une élévation de la fréquence cardiaque.
Comment les travailleurs de la construction peuvent rester au frais en cas de chaleur extrême
S’acclimater
Bien que cela s’applique principalement aux nouveaux travailleurs ou à ceux qui ont quitté le travail depuis un certain temps, tout le monde doit s’acclimater à la chaleur lorsqu’il fait très chaud afin d’éviter le stress thermique et les conséquences dramatiques qu’il peut entraîner. Le fait de s’acclimater à la chaleur est bénéfique pour le cœur et d’autres organes, et contribue à améliorer la capacité du corps à transpirer.
La plupart des experts en la matière affirment qu’il faut une à deux semaines pour s’acclimater à la chaleur (bien que cela puisse sembler improductif à certains, c’est beaucoup plus productif que de souffrir d’épuisement par la chaleur ou d’un coup de chaleur).
Les CDC soulignent que les cinq premiers jours d’acclimatation sont les plus importants, et que les nouveaux travailleurs doivent respecter les étapes suivantes :
Premier jour | 20 % de la durée de travail habituelle |
Deuxième jour | 40 % de la durée de travail habituelle |
Troisième jour | 60 % de la durée de travail habituelle |
Quatrième jour | 80 % de la durée de travail habituelle |
Cinquième jour | 100 % de la durée de travail habituelle |
Les travailleurs de retour au travail ou les vétérans ayant une expérience de la chaleur extrême doivent quant à eux appliquer les consignes suivantes :
Premier jour | 50 % de la durée de travail habituelle |
Deuxième jour | 60 % de la durée de travail habituelle |
Troisième jour | 80 % de la durée de travail habituelle |
Quatrième jour | 100 % de la durée de travail habituelle |
Les CDC précisent également que, si l’acclimatation de l’organisme se poursuit pendant quelques jours après la fin d’une exposition à la chaleur extrême, il faut parfois jusqu’à un mois sans chaleur pour que la tolérance de la plupart des gens revienne à son niveau habituel.
Adapter les horaires de travail
Les travailleurs peuvent envisager de travailler pendant les heures les plus fraîches de la journée, par exemple tôt le matin, pour éviter les températures les plus élevées. La chaleur estivale atteignant généralement son paroxysme entre 15 et 18 heures, l’adaptation de l’horaire de travail d’une équipe afin qu’elle commence quelques heures plus tôt peut faire une énorme différence pour son confort et sa productivité.
Il ne faut cependant pas oublier de tenir compte du bruit matinal si une équipe doit travailler dans une zone urbaine ou résidentielle. En effet, de nombreuses juridictions disposent d’ordonnances interdisant les bruits forts avant 7 heures du matin.
S’hydrate
Cela semble évident, mais il est parfois facile d’oublier de boire beaucoup d’eau pendant la journée pour remplacer les liquides perdus par la transpiration, particulièrement en cas d’emploi du temps chargé ou d’échéancier serré pour terminer un travail.
Les experts recommandent aux personnes travaillant à l’extérieur dans la chaleur de boire de l’eau ou d’autres liquides hydratants (pas de café, d’alcool ou de soda) toutes les 20 minutes environ. Les boissons pour sportifs, les jus de fruits et l’eau de coco sont également d’excellentes options, à condition de surveiller l’apport en sucre.
Si vous travaillez à l’extérieur dans la chaleur et que vous commencez à vous sentir faible, à ressentir des vertiges, à avoir la bouche sèche et la langue gonflée ou à ne plus pouvoir transpirer, il est temps de vous hydrater… sans plus tarder!
Surveiller l’indice de chaleur/humidex
Cet indice ne s’applique pas à certaines régions du pays, comme le Nevada, où il y a une chaleur sèche. Mais il s’applique certainement à la plupart des régions, où la température relevée ne reflète généralement qu’une partie de la réalité. L’humidité a un effet multiplicateur de la chaleur et peut empêcher le corps de transpirer, le rendant incapable de se refroidir comme il le ferait normalement.
En gardant un œil sur l’indice de chaleur (ou l’indice humidex au Canada) pour déterminer la température apparente, c’est-à-dire la température réelle avec la chaleur et l’humidité combinées, il est possible de protéger les travailleurs contre d’éventuels malaises ou troubles de santé causés par la chaleur.
Prendre plus de pauses
Le fait de prendre des pauses fréquentes en cas de chaleur extrême n’est pas un signe de paresse ou de faiblesse, c’est une nécessité, tout particulièrement pour les travailleurs qui doivent porter des vêtements de protection supplémentaires (emmagasinant la chaleur et empêchant l’évaporation de la sueur).
Il est recommandé de prévoir des pauses régulières dans des endroits ombragés ou climatisés afin que les travailleurs puissent se reposer et se rafraîchir.
Porter des vêtements (et des chapeaux) légers et respirants
Les travailleurs doivent choisir des vêtements amples, légers et de couleur claire (idéalement faits de matériaux qui évacuent l’humidité ou en fibres naturelles comme le coton) pour aider à garder le corps au frais. Le port d’un chapeau à larges bords peut également aider les travailleurs à se protéger du soleil. Mais s’ils n’en ont pas, n’importe quel chapeau est mieux que rien.
Sans ventilation, la température interne du corps peut monter en flèche et atteindre des niveaux dangereux en cas de chaleur extrême.
Utiliser des serviettes rafraîchissantes, des gilets de refroidissement, des sachets réfrigérants ou des bandeaux rafraîchissants
Les travailleurs peuvent aussi mouiller une serviette ou une écharpe avec de l’eau froide et la porter autour du cou pour faire baisser leur température corporelle. Des gilets de refroidissement et des foulards rafraîchissants spécialement conçus à cet effet peuvent également aider à absorber la chaleur.
L’utilisation d’un ventilateur portable ou d’un brumisateur dans un espace de travail peut également contribuer à faire circuler l’air et à créer une brise rafraîchissante en cas de chaleur accablante.
Conclusion
Travailler sur un chantier de construction ou à l’extérieur par une chaleur extrême n’est pas seulement inconfortable ni même improductif. Cela peut aussi être mortel si les précautions adéquates ne sont pas prises.
Les personnes travaillant à l’extérieur peuvent toutefois se protéger en prenant quelques précautions simples, notamment en buvant beaucoup de liquides, en portant des vêtements adaptés, en prenant des pauses et en commençant une tâche lentement pour que leur corps s’acclimate à la chaleur.
La productivité des travailleurs souffrira toujours, au moins quelque peu, en cas de canicule. Cependant, les directeurs de travaux de construction et les chefs de chantier peuvent assurer la sécurité et la productivité des travailleurs en prenant au moins quelques précautions.
À première vue, demander à quelqu’un de prendre des pauses toutes les 20 minutes peut sembler contre-productif, mais c’est beaucoup plus productif que de l’emmener à l’hôpital.